enfers
Alessandro n’a jamais réfléchi sur la mort jamais pu jamais voulu sait pas
la laisse venir sans plus enfer compte contre tout laisse venir
lentement comme toutes autres choses inaccessibles laisse faire
ne voit ni ce qu’il pourrait en attendre ni ce qu’il pourrait en
dire ni en faire ni en penser laisse venir c’est tout un point c’est tout
n’a d’ailleurs la perspective d’aucun autre choix aucun
vaste trou noir de sa pensée où s’engloutit toute réalité impensable
absolu du vide de l’au-delà de l’être sait qu’elle est le constate
aux disparitions de ceux qui l’entourent aux larmes aux
rituels funéraires au pourrissement des fleurs la décomposition
de ses restes de nourritures la moisissure des champignons
forestiers ou de ses pots de confiture voit la voit à son poisson
rouge surtout le poisson rouge et blanc qui flotte un jour
ventre argenté en l’air refuse de se laisser entraîner par la griserie
mathématique des multitudes d’espaces qui l’entourent des
au-delà en-deçà au-delà au delà d’autres au-delà encore reste
là où il se trouve s’efforce à l’immobilité l’apathie de son temps un
point c’est tout ne veut pas penser la mort sa mort un mot c’est tout
Orphée aux enfers, Jacques Offenbach